La bienveillance : un bien joli mot

La bienveillance, vraie valeur ou vue de l’esprit ?

Un de nos consultants est intervenu récemment au sein d’une entreprise qui affiche fièrement la bienveillance comme l’une de ses valeurs fortes. Comme beaucoup d’autres entreprises en ce moment me direz-vous !

Je me suis interrogé sur la véracité de la “valeur bienveillance” suite à une question posée par un manager de ladite entreprise à notre consultant :

“Comment faire pour être bienveillant avec mon équipe quand moi-même je ne travaille pas dans un environnement bienveillant (quoi qu’en disent les valeurs d’entreprise) et que ma propre direction me met la pression au quotidien sur la performance et les résultats ?”

Bonne question !

Dans ces cas là, j’aime retourner à la source et consulter le Larousse : de quoi parle-t-on concrètement quand on parle de bienveillance ?

BIENVEILLANCE n.f. : Disposition favorable envers quelqu’un ; indulgence.


Source : Larousse

Regardons cela de plus près…

# Disposition favorable envers quelqu’un :

Dans le monde du travail, cela consiste à s’intéresser à ce que font nos équipes, et notamment à donner du feedback. Et pour que le feedback soit constructif, il nous faut identifier les points forts et les axes de progrès afin de trouver les solutions pour renforcer les compétences et les performances de ses collaborateurs.

Les axes de progrès font immédiatement appel au niveau d’exigence que l’on a vis-a-vis de l’autre.

Or, l’exigence est-elle compatible avec l’indulgence ?

 

 

# Indulgence :

< Aptitude à excuser, à pardonner les fautes, à ne pas les sanctionner sévèrement > (Source : Larousse)

Toutes les entreprises ont des résultats à atteindre, en quantité (CA, marge, volume…) et en qualité (le diktat de la satisfaction client!) pour assurer leur pérennité.

Dans bon nombre d’entre elles, le culte de la performance prend en réalité le dessus sur la culture de la bienveillance.

Comment être indulgent, c’est-à-dire accorder le droit à l’erreur, lorsqu’on est soi-même sanctionné au moindre écart de performance ?

3 préceptes sont alors à activer :

 

 

1/ Ne pas faire aux autres ce qu’on ne veut pas subir soi-même.

Prendre de la distance…

2/ Etre exigeant, c’est aussi être bienveillant !

Etre exigeant avec quelqu’un signifie que vous croyez en son potentiel, à une puissance non encore exprimée dans le travail effectué, à ce qu’il peut être encore meilleur… Ne pas être exigeant, c’est croire qu’il a atteint ses limites.

3/ Tenir ses promesses

En effet, la bienveillance est souvent reprise en communication externe au profit des RH : “Venez travailler chez nous, le cadre de travail est agréable et bienveillant !”

Mais à quoi bon se doter d’un salon, d’un écran géant ou d’un baby-foot, si la seule vocation est de faire oublier les exigences trop élevées en matière de performance, ainsi que le désengagement des salariés qui se sentent démunis face au peu de reconnaissance dont ils bénéficient.

En réalité, la bienveillance en entreprise n’est-elle possible que lorsque le cadre est clairement établi ?

  • Quand les objectifs fixés sont ambitieux et atteignables
  • Quand chacun a pleinement conscience de ses responsabilités
  • Quand le respect des droits et des devoirs est équilibré entre les parties
  • Quand chacun sait où est sa marge de manoeuvre avant de risquer une sanction ou une sortie de piste…

Allez, c’est d’actualité : comme un joueur de football qui, lorsqu’il entre sur le terrain sait quel est son poste et son rôle dans l’équipe et dans la stratégie de jeu, quelles sont les règles à respecter, à partir de quel moment il est hors jeu, risque un carton jaune ou un carton rouge !

L’entraîneur est bienveillant avec ses joueurs : il croit à leur potentiel et leur propose un entraînement adapté pour progresser, il prouve sa confiance en les inscrivant sur la feuille de match.

Il est aussi exigeant : chacun doit se bouger sur le terrain et jouer son rôle à fond pour remporter le match. Il suffit de les regarder et de les entendre hurler sur le bord du terrain pendant le match.

Il sait sévir aussi lorsque nécessaire : l’intérêt collectif passe avant toute considération purement individuelle.

Et enfin, il sait féliciter et remercier lorsque le match est gagné !

Ce qui nous manque dans le monde de l’entreprise ?

La capacité à fixer des objectifs sous contrôle, sur les moyens à mettre en oeuvre qui ne dépendent que de nous, et qui multiplient les chances d’atteindre le résultat attendu. Cet objectif là étant hors contrôle, puisqu’il nous faudra un client qui aura dit oui…

Le bienveillant n’est pas gentil, il est juste, il dit la vérité, pour “bien veiller” au développement de chacun.