Le bonheur au travail, entre arnaque et hypocrisie !

Combocetera bonheur au travail

Prenez Patrick. Tous les matins, Patrick arrive au bureau sur sa trottinette électrique, le sourire jusqu’aux oreilles et un paquet de viennoiseries à la main. Il connaît tous les détails des week-ends de chacun, ne se plaint jamais et est toujours de bonne humeur. C’est aussi lui qui a voté pour les soirées pizzas le jeudi soir avec TOUTE l’équipe. Pour Patrick, son boulot c’est un peu comme sa deuxième maison…

Deux possibilités : ou vous détestez Patrick, ou vous êtes Patrick !

 

A l’heure des diktats de l’entreprise bienveillante et du bien-être au travail, a-t-on encore le droit de ne pas être heureux lorsqu’on va travailler ? La recherche du bonheur dans son entreprise est-elle une arnaque ou au contraire indispensable ? N’y aurait-il pas là toute une hypocrisie autour de la conception du bonheur dans les entreprises ?

La comédie inhumaine de Julia de Funès et Nicolas Bouzou clame haut et fort que l’idée de bien-être au travail pour améliorer les performances est erronée et hypocrite. Pour l’autrice, « le bonheur est une affaire privée et ne doit pas être gérée par des managers », de quoi froisser les adeptes du mieux-vivre en entreprise.

Le bonheur serait plutôt la conséquence d’un travail épanouissant et non pas une motivation : cela reviendrait à tourner en rond. Mis à part Patrick, cette démarche managériale tend à culpabiliser les collaborateurs qui ne veulent pas sauter de joie tous les matins ou participer à toutes les soirées pizza au bureau.

Non ! Un babyfoot ou un mur d’escalade en plein milieu de son entreprise ne rendront pas les salariés plus heureux. Oui, vous avez le droit de faire la gueule. Le bonheur est une affaire personnelle et non pas publique : L’entreprise n’est pas un parc d’attraction.

Si on vous posait la question : « Qu’est-ce qui vous rendrait heureux dans votre travail ? » Répondriez-vous un babyfoot ? Répondriez-vous une soirée pizza le jeudi soir avec vos collègues ? Les Patrick hocheront la tête, mais la plupart rétorqueront les mêmes choses : plus de sens, plus de responsabilité, plus de de communication !

 

Le cabinet de recrutement Michael Page révèle dans une étude menée en 2020 que 91% des salariés veulent plus de reconnaissance dans leur travail. Pas de babyfoot, donc. De même, plus des trois quarts d’entre eux affirment être capables de quitter leur entreprise du jour au lendemain si une meilleure opportunité s’offrait à eux. L’intérêt de certaines entreprises réside donc dans la fidélisation de leurs employés via des techniques de fédération et de bien-être au bureau.

Néanmoins, vous aurez beau proposer les meilleures activités afterworks possibles, vos collaborateurs n’en sont pas moins des êtres humains avec une vie en dehors de l’entreprise, certainement plus heureuse.

La volonté qu’a l’entreprise de gérer le bien-être des gens est une « arnaque intellectuelle ».  Mais la faute se situe à la fois dans le camp des managers qui veulent créer une bonne ambiance de travail et dans celui des salariés qui attendent tout de leur hiérarchie. Le juste équilibre se trouve sans doute dans le fait d’oser dire ce qui ne va pas.

Osez tout dès aujourd’hui ! Allez dire à votre  manager que la « réunion de 15 heures est inutile » et que vous préféreriez passer « l’après-midi à travailler ».

Alors oui, vous avez le droit de ne pas sourire derrière votre écran, de ne pas toujours respirer la joie de vivre et, surtout, vous n’êtes pas obligé d’instaurer un climat qui se veut nécessairement amical. Si le respect et la courtoisie sont de rigueur, le bonheur au travail n’est pas indispensable. En revanche, vous pouvez toujours piocher dans le paquet de viennoiseries de Patrick et faire un babyfoot à la pause déj. Qui a dit que les plaisirs au bureau devaient être interdits ?

 

 

Rédigé par toute l’équipe de Combo & cetera (autour d’un baby foot !)

 

 

Pour aller plus loin

👉 Découvrez le livre La comédie inhumaine de Julia de Funès et Nicolas Bouzou aux éditions de l’observatoire, ou en lisant l’article de Courrier cadres : Le bonheur au travail, une « arnaque intellectuelle » ?